Comprendre le modèle dérivé MBTI

1. Les origines – Carl Jung

En 1921, le psychiatre suisse Carl Gustav Jung publie Psychological Types, dans lequel il développe une théorie des fonctions psychologiques : sensation, intuition, pensée, et sentiment. Il propose que chaque personne privilégie une fonction dominante, et que cette fonction peut être introvertie ou extravertie.

2. Katharine Cook Briggs – Premiers pas

Dès 1917, Katharine Cook Briggs se passionne pour les différences de personnalité après avoir remarqué le profil psychologique particulier du futur mari de sa fille. Elle se lance dans la lecture de biographies, développe une typologie initiale de quatre tempéraments : contemplatif, spontané, exécutif, social.

Après la traduction de Psychological Types en anglais (1923), elle fait le lien entre ses tempéraments et la typologie de Jung. Elle publie des articles en 1926 et 1928 (“Meet Yourself Using the Personality Paint Box”, “Up From Barbarism”) pour diffuser la théorie.

3. Isabel Briggs Myers – Formalisation durant la Seconde Guerre mondiale

Isabel Briggs Myers, fille de Katharine, diplômée en sciences politiques, s’initie aux méthodes statistiques et au test psychométrique auprès d’Edward N. Hay.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, mère et fille développent un outil psychologique permettant d’aider les femmes à s’orienter vers des emplois plus adaptés à leur personnalité. En 1943, elles auto-publient le Briggs Myers Type Indicator Handbook, puis en 1956, il sera republié officiellement comme le MBTI.

4. Diffusion et développement

En 1962, l’Educational Testing Service (ETS) publie la première version manuelle du MBTI. Il reçoit notamment le soutien d’universitaires comme Donald MacKinnon ou Mary McCaulley. La publication est transférée à Consulting Psychologists Press en 1975, qui devient The Myers-Briggs Company, avec le Center for Applications of Psychological Type (CAPT) comme centre de recherche.

Après le décès d’Isabel en 1980, Mary McCaulley publie la deuxième édition du manuel en 1985, puis une troisième en 1998.

Le test a été régulièrement révisé (Forme M, Forme Q) avec des méthodes modernes comme la théorie de la réponse à l’item (IRT) pour améliorer la précision technique.

5. Popularité… et controverses

Le MBTI est aujourd’hui l’un des tests de personnalité les plus utilisés : plus de 2 millions de personnes l’entrent chaque année, et il est couramment employé dans les entreprises, les universités, le conseil professionnel et même l’armée.

Mais scientifiquement, il est souvent critiqué :

• Manque de fiabilité (rétest : 50% des types peuvent changer en quelques semaines)
• Validité psychométrique faible, absence de mesure de trait continu
• Effet de Barnum (descriptions trop vagues)
• Jugé pseudo-scientifique par la communauté académique

6. Influence dérivée – Keirsey, les tempéraments

David Keirsey s’est inspiré du MBTI pour proposer un modèle à quatre tempéraments (Gardien, Artisan, Idéaliste, Rationnel) qui correspondent aux axes MBTI (SJ, SP, NF, NT). Son système Please Understand Me a largement popularisé ces types.